Les « héritages militaires » désignent un ensemble patrimonial complexe, associant vestiges architecturaux, objets mobiliers, savoir-faire techniques, mémoire… En Bretagne, ils se manifestent à travers une grande diversité d’ouvrages : châteaux forts, fortifications d’agglomération, arsenaux, corps de garde, batteries d’artillerie, forts et bunkers… Tous constituent autant de témoins des dynamiques de défense et de conflictualité ayant façonné les paysages et les sociétés. Leur étude éclaire autant ces histoires que les processus de transmission culturelle et historique.
La défense des côtes françaises au 20e siècle demeure dans l’imaginaire collectif indissociable des constructions du Mur de l’Atlantique et de grandes lignes de fortifications terrestres comme la ligne Maginot. Cette période se caractérise pourtant aussi par une profonde mutation du dispositif de défense côtière, considérablement affaibli par les ponctions successives de matériels d’artillerie opérées durant la Première Guerre mondiale. En 1922, face à la carence en équipement des positions, le Département de la Marine établit un vaste programme de réorganisation des défenses côtières. En dépit de son ambition initiale, ce plan est progressivement réduit, mais donne néanmoins lieu à une programmation échelonnée de travaux jusqu’en 1941.
C’est à partir de ce contexte que l’association 1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager mène actuellement une enquête d’Inventaire thématique sur les fortifications littorales de 1918 à 1940 en Bretagne, dans le cadre de l’appel à projets « Participer à l’Inventaire des héritages militaires ». Ce travail vise à (re)documenter les fortifications érigées en Bretagne entre la fin de la Première Guerre mondiale et le début de la Seconde.
Cette période a vu la mise en place de nouveaux dispositifs défensifs : batteries de côte fixes ou mobiles, postes de direction de tir, abris pour projecteur électrique, observatoires, dépôts de munitions, casernements et ouvrages de défense contre avions.
L’opération d’Inventaire en cours contribue ainsi à une meilleure compréhension de ces ouvrages et de leur rôle dans l’histoire militaire française.