Chaque année, la Région Bretagne invite les acteurs engagés dans des opérations d’Inventaire du patrimoine à une journée d’échanges et de réflexion collective autour d’un thème commun. Le 29 avril 2025, une centaine de participants se sont réunis à Rennes pour interroger la place et le rôle des dynamiques d’Inventaire à l’heure des transitions écologiques et sociétales pour se projeter collectivement vers l’avenir.
Et si l’Inventaire n’était pas seulement un point de départ, mais un outil vivant, transversal, évolutif, nourri par la participation et les enjeux contemporains des transitions, notamment écologiques ? Longtemps considéré comme le premier maillon d’une « chaîne patrimoniale » bien établie – identifier, connaître, protéger, restaurer, valoriser – il reste souvent perçu comme l’étape fondatrice d’une processus linéaire. Les échanges de la table ronde du matin ont dessiné une réalité bien plus riche, ouverte et dynamique, où la connaissance des patrimoines s’inscrit dans un cercle vertueux.
Et si cette connaissance se construisait aussi « en marchant », au fil des usages, des pratiques et des expérimentations ? Nourri par des enjeux écologiques, sociaux et territoriaux toujours plus prégnants, l’Inventaire se révèle aujourd’hui comme un outil en mouvement : capable d’accompagner des dynamiques de terrain, de fédérer des acteurs variés, d’éclairer des « angles morts » et de susciter de nouveaux récits collectifs.
Du Golfe du Morbihan à Dinard, des lycées bretons aux murets en pierre sèche, les projets évoqués ont montré combien l’Inventaire peut, tour à tour, être déclencheur, catalyseur ou ressource. Ni figé, ni périphérique, il s’inscrit désormais dans un aller-retour fécond entre connaissance et action, valorisation et préservation, transmission et adaptation. Autant de pistes pour penser l’Inventaire comme une démarche de connaissance ancrée dans le présent et résolument tournée vers l’avenir.
Croiser les regards, construire ensemble
L’après-midi, trois tables rondes menées simultanément ont permis aux participants de partager des expériences où le « déjà-là », dans toute la diversité de ses formes, devient un lieu d’échange, de co-construction et de décloisonnement entre les disciplines. En questionnant la place respective des experts et des citoyens dans la fabrique du patrimoine, plusieurs intervenant ont partagé des initiatives inspirantes ancrées dans les territoires, comme celle portée par Roi Morvan Communauté, où les acteurs locaux font de la participation à la fois un réflexe et un défi pour maintenir une dynamique.
En Bretagne comme ailleurs, les initiatives présentées témoignent d’une volonté commune : rendre le patrimoine accessible à tous, mais aussi rendre les institutions et les porteurs de projets eux-mêmes accessibles. Il s’agit d’ « aller vers », de « faire avec » des publics divers, jeunes ou moins jeunes, experts ou novices, chacun apportant sa légitimité et sa propre lecture du patrimoine. Cette diversité de profils et de points de vue est une richesse, à condition de créer les conditions d’un véritable dialogue, entre posture d’ouverture et culture du compromis.
En parallèle, une autre table ronde revenait sur les projets menés entre l’Inventaire et l’Université. Loin d’être une simple transmission descendante des savoirs, ces collaborations prennent des formes variées – stages, bourses, formations, exercices tutorés – qui permettent aux étudiants d’expérimenter le patrimoine in situ, tout en découvrant les spécificités du « déjà-là » pour en faire une ressource et un levier d’action pour construire les projets de demain.
Dans la poursuite de ces échanges, le forum a permis une nouvelle fois d’ouvrir les possibles et d’explorer une diversité d’initiatives entre connaissance, transmission et valorisation des patrimoines en Bretagne. De même, l’engouement suscité par la visite du lycée Zola, proposée en fin de journée par l’association AMELYCOR, témoigne d’une idée forte et prometteuse pour bâtir l’avenir : faire patrimoine, c’est d’abord faire société.