inventaire et valorisation du patrimoine de bretagne

L’architecte des piscines Tournesol, Bernard Schoeller est décédé le 5 avril 2020.

L’évocation de son souvenir invite à explorer une sélection de photographies réalisées dans les piscines Tournesol de Baud, Nivillac et Lorient dans le cadre de l’enquête régionale d’Inventaire du patrimoine consacrée au patrimoine des sports en Bretagne. Conduite entre 2013 et 2019, cette étude a permis de recenser et d’étudier plusieurs centaines de gymnases, de piscines, d’hippodromes, de vélodromes, de centres nautiques, etc.

 

 

Une histoire des équipements sportifs en Bretagne

Parmi de nombreuses autres raisons, la défaite en 1870 et 1871 contre les Prussiens a largement été imputée à l’impréparation physique des Français. Pour y remédier, au lendemain de ce conflit, on commence à équiper villes et lycées de structures destinés à favoriser les pratiques sportives. L’histoire de leur construction est très liée à celle de l’évolution des programmes d’investissements publics.

Vue générale de la piscine Tournesol à Lorient (56) © Service de l'Inventaire du patrimoine, Région Bretagne
Piscine Tournesol du Bois-du-Château à Lorient (56) © Région Bretagne

En matière de natation, hormis les piscines d’eau de mer aménagées sur le littoral grâce à l’engouement du tourisme balnéaire (piscine de l’Écluse à Dinard, 1924 ; du Casino à Saint-Quay-Portrieux, 1931…), et quelques initiatives isolées (piscine Saint-Georges de Rennes, 1926; la « plage municipale des familles » sur les bords du Blavet à Pontivy, 1935…), la Bretagne a longtemps pâti du même déficit que le reste du territoire national. Il faut attendre l’avènement de la Ve République, les années 1960 et 1970, pour voir se multiplier les équipements dynamisés par l’opération « 1 000 piscines » : 75 sont alors construites en une quinzaine d’années. La mode est alors aux réalisations sérielles (piscines Tournesol, Caneton, Plein soleil), même si de très beaux équipements les précèdent : piscine Foch à Brest (1965), du Moustoir à Lorient (1967)… Celle de Dinard construite la même année vient toutefois se substituer au superbe Casino-Balneum qui avait fait l’orgueil de la station dans l’entre-deux-guerres.

Depuis les années 1980, la construction des équipements sportifs fait l’objet de programmes municipaux ou intercommunaux, et peuvent être portés par des architectes et ingénieurs d’envergure internationale. Les centres aqualudiques et autres complexes aquatiques se substituent progressivement aux piscines sportives. Un des premiers en Bretagne fut le centre aquatique les Balnéides à Fouesnant, suivi de peu par la spectaculaire piscine Aquarive de Quimper.

 

Les piscines Tournesol, une architecture révolutionnaire

Étrange parallélisme, à quasiment un siècle de distance : il semble que ce soit les mauvais résultats de l’équipe de France aux Jeux Olympiques de 1968 qui aient déclenché la volonté de généraliser l’enseignement de la natation et d’équiper les communes en piscines. En 1969, le secrétariat d’État à la jeunesse est chargé de mettre en œuvre plusieurs concours nationaux, rares exemples d’une intervention d’État dans une architecture nationale standardisée. On espère des propositions innovantes, économiques et facilement reproductibles.

La piscine en position d’ouverture maximale à Baud (56) © Service de l'Inventaire du patrimoine, Région Bretagne
La piscine en position d’ouverture maximale à Baud (56) © Région Bretagne

L’architecte Bernard Schoeller remporte le concours en proposant la révolutionnaire et très innovante piscine Tournesol. L’idée en est d’une étonnante simplicité : le bassin est couvert d’une coupole escamotable en plastique. En se déplaçant de 120°, elle transforme d’un simple geste une piscine couverte en une piscine de plein air. À l’intérieur, l’espace est éclairé de hublots ovoïdes en plexyglas qui accentuent l’effet de perspective. Le prototype est réalisé en 1972, les piscines sont réalisées en série et les premières constructions apparaissent en 1973. Le succès est au rendez-vous : 183 municipalités s’en équipent entre 1974 et 1982. Leur silhouette futuriste a marqué plusieurs générations de nageurs. La fin de leur production coïncide avec la fin des politiques volontaristes de l’État en matière d’équipements sportifs et socio-éducatifs à grande échelle.

Si leur construction a pu servir de terrain d’expérimentation pour de nouveaux matériaux, techniques ou formes, l’utilisation de plastiques n’est malheureusement pas favorable à la conservation de ces équipements. La plupart se sont dégradées, ont été progressivement remplacés par de nouveaux. Quelques piscines Tournesol ont toutefois fait l’objet d’une reconnaissance au titre du patrimoine du 20e siècle.

 

Pour en savoir plus :