inventaire et valorisation du patrimoine de bretagne

LA POLITIQUE REGIONALE DE VALORISATION DU PATRIMOINE ACCOMPAGNE CHAQUE ANNEE DE TRES NOMBREUSES COLLECTIVITES, DE TOUTES TAILLES, DANS LES PROJETS DE RESTAURATION DE LEUR PATRIMOINE BÂTI, QU’IL SOIT PROTEGE OU NON PROTEGE JURIDIQUEMENT. LA COMMUNE DE FOUESNANT EN FAIT PARTIE.

6 ANNEES DE TRAVAUX (de 2019 à 2024) AURONT ETE NECESSAIRES POUR RESTAURER ET REAMENAGER CET EMBLEMATIQUE FORT A LA MER DU 18ème SIECLE, INAUGURE LE 12 SEPTEMBRE 2024.

Ronan Le Baccon © Région Bretagne

UN PROJET LAUREAT DU LOTO DU patrimoine – édition 2018

L’édifice a fait partie des 18 premiers monuments retenus dans le cadre de la Mission Patrimoine confiée à Stéphane Bern en septembre 2017 par le Président de la République :

Retrouvez la vidéo de présentation du projet porté par la Commune de Fouesnant

Comment a démarré cette initiative originale et dans quel but précisément ?

Identifier le patrimoine en péril et rechercher de nouvelles sources de financement pour le restaurer, telle a été dès le début l’ambition de la Mission Patrimoine (aussi appelée Mission Bern) couplée à un jeu de « Loto du patrimoine », dont le produit est attribué à la Fondation du patrimoine. Dès son lancement elle a suscité l’engouement des Français : plus de 6 300 sites en péril ont ainsi été signalés sur la plateforme participative et des millions de joueurs participent chaque année, en jouant aux jeux de grattage et de tirage « Mission Patrimoine » de FDJ, à la sauvegarde du patrimoine dont l’intérêt culturel, économique et social leur est révélé.

Les sites peuvent également bénéficier de collectes de dons et de mécénats, sous réserve de leur éligibilité et, pour ceux protégés au titre des Monuments Historiques, de subventions du ministère de la Culture, mais également des Régions et des Départements.

Quels sont toujours les principaux critères de sélection qui président au choix des sites ?

  • leur intérêt patrimonial et culturel : le site doit présenté une valeur patrimoniale et culturelle significative.
  • leur état de péril : le site doit être en danger ou nécessiter une restauration urgente.
  • la maturité du projet : le projet doit être suffisamment avancé pour être mis en œuvre rapidement.
  • l’impact sur le territoire : le projet doit avoir un effet positif sur le développement local et la valorisation du patrimoine.

Quels sont les impacts aujourd’hui ?

Depuis la première édition en 2018, la Mission Patrimoine a aidé plus de 860 sites pour leurs travaux de restauration, dont plus de 125 projets emblématiques du patrimoine régional et plus de 735 sites départementaux (un site par département métropolitain et collectivité d’outre-mer).

Aujourd’hui, plus de 65 % d’entre eux sont d’ores et déjà sauvés : 310 chantiers sont terminés et 270 sont en cours ; les autres projets vont voir leurs travaux prochainement lancés. 

 

LE DOUBLE VISAGE DU FORT, ENTRE DEUX HISTOIRES 

Une architecture défensive à la silhouette atypique

Le fort Cigogne occupe presque la moitié des terres émergées de l’île du même nom sur une superficie d’environ 4 900 m². Son enceinte est formée d’une alternance de murailles en courbes et contre-courbes et d’ouvrages à corne permettant leur flanquement latéral. Les fronts Ouest et Sud sont constitués de bastions terrassés couvrant les îles de Saint-Nicolas, de Drénec et du Loc’h, ainsi que l’accès au mouillage de « la Chambre », tandis que les fronts Nord et Est sont clos par des remparts tournés vers les îles de Bananec et Penfret. Au centre du fort se déploie une place d’armes occupée au Nord par l’ancien hôpital, appelé aujourd’hui improprement « maison des officiers ». L’ensemble des maçonneries est en moellons avec entourages en pierre de taille de granite, jointoyés avec un mortier à la chaux.

Mais on le reconnaît aussi de loin grâce à sa haute tour-amer circulaire bâtie à cheval sur le remblai et sur le mur extérieur de la corne Sud-Ouest, qui se situe 30 m au dessus du niveau de la mer et dont les murs en moellons de granite sont recouverts d’un enduit peint en blanc surmonté d’une bande noire. Elle fait partie intégrante du dispositif de balisage des Glénan et sert à un alignement de jour (centré à 105° Sud-Est) permettant l’entrée dans l’archipel depuis l’Est en évitant les hauts fonds. Bien qu’elle ne soit plus véritablement utilisée par les plaisanciers, qui lui préfèrent des repères plus petits et donc plus précis, elle est toujours référencée par les Phares & Balises et indiquée sur les cartes du SHOM.

En savoir + avec la notice d’Inventaire 

Une école de voile reconnue

Si le fort n’est classé au titre des Monuments Historiques que depuis 2013, il a la particularité d’héberger dans ses murs depuis 1957 et sous statut associatif la célèbre école de voile Les Glénans. Dès les années 50, les stages sur l’île Cigogne jouissaient d’un certain prestige car ils étaient réservés aux barreurs expérimentés. Les îles de Penfret et Drenec étaient alors « des écoles de voile », tandis que Cigogne était qualifiée d’« école de mer ». Le lieu servait aussi d’hivernage pour les bateaux. Au début des années 2000 les stages, alors réservés aux seuls « croisiéristes », s’ouvrent au perfectionnement en voile légère. Avec les travaux de mise en sécurité de l’ensemble du monument, de jeunes stagiaires mineurs pourront à nouveau rejoindre ce lieu de vie et de formation, ce qui n’était plus possible pour des questions de sécurité.

 

UN CHANTIER D’ENVERGURE QUI A SU MOBILISER

La restauration du fort, propriété de l’État affectée au Conservatoire du littoral, s’est inscrite dans une démarche globale réunissant plusieurs intérêts, patrimonial, environnemental et économique, avec pour objectifs :

  • de garantir la sauvegarde et la mise en valeur du fort,
  • d’améliorer les conditions d’accueil des stagiaires de l’école de voile des Glénan,
  • de pouvoir l’ouvrir à d’autres publics.

Conscients tout à la fois du fort intérêt patrimonial et historique de ce fort et sensibles aux enjeux de ce projet d’envergure, les acteurs suivants se sont réunis autour d’un partenariat public-privé, pour tenter de réunir les 5,5 millions d’euros nécessaires à sa restauration et réhabilitation.

Mécènes et particuliers sont également invités à répondre à un appel aux dons toujours actif, via une souscription de la Fondation du patrimoine, afin que chacun puisse participer au sauvetage de ce monument.

Inauguration le 12 septembre, en présence d’Anne Gallo-Kerleau, Vice-présidente Tourisme, Nautisme, Patrimoine et Canaux à la Région Bretagne – clichés Laurence Dubourg © Région Bretagne

 

La Région Bretagne, quant à elle, a réussi à mobiliser à ce jour 3 de ses politiques sectorielles autour du chantier de rénovation:

  • Patrimoine  : 468 730 € déjà votés auxquels pourraient s’ajouter prochainement 2 subventions complémentaires
  • Aménagement du territoire : 250 000  € via le Contrat de partenariat Europe-Région avec le Pays de Cornouaille
  • Tourisme : 69 073 € via les Projets nautiques intégrés

A travers cet exemple, sa participation financière illustre son engagement fort et pérenne en faveur du patrimoine littoral et maritime, une thématique qui fait par ailleurs l’objet d’un plan d’actions spécifique de 2023 à 2025. Celui-ci invite à porter un regard nouveau sur ces héritages patrimoniaux et à renforcer leur prise en compte sur un littoral aujourd’hui fragilisé ou sous pression. S’interroger collectivement sur leur devenir dans un contexte de mutation économique, de perte d’usage, ou d’abandon permet d’en « révéler » certains, d’en faire « renaître » d’autres grâce à des initiatives porteuses de développement local, économique et social, culturel et touristique.

Retrouvez le chantier en images sur le site de la Commune de Fouesnant

2 500 tonnes de matériaux transportées, 8700 kilomètres parcourus, 20 000 heures de travail, une grande partie des travaux réalisés par des entreprises locales.… pour adapter cette construction militaire du 18e siècle aux conditions environnementales du 21e siècle.

 

OBJECTIF : PRESERVER TOUT EN ACCUEILLANT MIEUX

Un nécessaire travail de coordination

Le Conservatoire du littoral a délégué à la Ville de Fouesnant la maîtrise d’ouvrage des travaux du fort et de ses abords. La maitrise d’œuvre a été assurée par l’architecte en chef des Monuments Historiques, Marie-Suzanne de Ponthaud qui a proposé d’une part de restituer l’esthétique du fort Cigogne en rétablissant les éléments manquants (cheminées, fossé et pont-levis), en supprimant les verrues (enclos à poubelles, réserve de gaz) et en intégrant les éléments contemporains (locaux techniques, équipements et réseaux), afin d’améliorer la lisibilité du monument.

Le choix a été fait de conserver certains acquis modernes (tour-amer, puits de lumière, ouvertures et percements divers) afin d’en tirer parti pour améliorer l’usage et le confort des occupants. Mais parce qu’il est situé sur l’archipel des Glénan, Grand Site Classé et Site Natura 2000, le projet a aussi dû faire l’objet de multiples autorisations, au titre du Code de l’environnement et du Code du patrimoine. Afin de faciliter les travaux de restauration, la réfection de la cale d’accès à l’île avait été anticipée dès 2018.

Le projet s’est déroulé en deux opérations :

1 – restauration, pérennisation et mise en valeur de l’ensemble du clos-couvert des structures existantes;

2 – aménagement intérieur (rénovation d’une cuisine et du réfectoire), équipement en réseaux divers de l’ensemble du fort, aménagements extérieurs avec la création d’un bloc sanitaire, la réalisation d’une passerelle métallique et les installations électriques.

 

Une attention toute particulière à la biodiversité et aux transitions

De par son paysage et sa biodiversité exceptionnels, l’ensemble de l’archipel des Glénan est soumis à différentes législations et servitudes, gérées par la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL Bretagne) et la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM du Finistère).

La Réserve Naturelle Nationale de Saint-Nicolas des Glénan a fêté cette année les 50 ans de protection de la biodiversité dans l’archipel des Glénan, tout particulièrement celle du narcisse des Glénan et du gravelot à collier interrompu. Aussi le classement de l’île Cigogne en « site naturel » et en « site Natura 2000 » (au titre des directives « habitat » et« oiseaux ») justifiait bien un surcroît d’attention aux nombreuses espèces protégées présentes sur le fort. Certaines zones ont été totalement inaccessibles aux travaux pendant les périodes de nidification (de février à juillet inclus) et des zones de tranquillité ont été créées pour la faune et la flore. Au nombre des espèces protégées, on trouve l’asperge couchée ou encore le lézard des murailles, le cormoran, le pipit, et le goéland. La végétation arrachée qui ne pouvait être brûlée sur l’île, a été évacuée sur le continent.

Enfin le chantier a permis de prendre en compte les impératifs d’autonomie et d’économie de consommation, par la mise en œuvre des dispositifs suivants:

  • récupération des eaux de pluie depuis les terrasses en granit et le toit en ardoises de la Maison des Officiers;
  • installation de toilettes sèches couplée à la création d’un nouveau réseau d’épandage pour répondre aux exigences de l’ANC (assainissement non collectif);
  • réduction des appareils sanitaires au strict nécessaire avec la mise en place de douches avec temporiseur;
  • implantation de panneaux photovoltaïques destinés à alimenter Fort Cigogne en énergie renouvelable et subvenir à l’ensemble des besoins des ses occupants.