inventaire et valorisation du patrimoine de bretagne

Fastueuses ou discrètes, les maisons en pan de bois contribuent à l’identité de plus d’une centaine de bourgs et villes de Bretagne. Elles témoignent d’une histoire pluriséculaire, de goûts et usages ainsi que d’une exploitation ingénieuse des ressources locales.

 

Aujourd’hui, la plupart des bourgs et villes sont confrontés à des difficultés concernant leurs centres. Si on apprécie leur pittoresque, nombre de ces édifices sont inoccupés, ne répondant pas aux aspirations contemporaines et présentant de nombreuses contraintes d’aménagement. C’est le sens de la démarche portée par la Région Bretagne au travers de l’opération en faveur de la connaissance de ce patrimoine.

 

Pan de bois des villes, pan de bois des champs

Deux maisons à Auray (56) © Service de l’Inventaire du patrimoine, Région Bretagne

Quelle que soit leur situation, ces maisons utilisent le bois associé souvent à de la maçonnerie. L’assemblage des différentes pièces de bois les unes aux autres – façades, charpente, poutraisons intérieures – crée une structure porteuse solide. Les vides laissés entre les bois sont généralement remplis d’un « hourdis » de terre crue mélangée à de la paille, ou, à partir du XIXe siècle, de briques. Dans certains cas, ardoises ou enduits protègent la façade du ruissellement des eaux. Lorsque les bois sont visibles, ils sont souvent décorés de moulures, motifs géométriques, végétaux, animaux, personnages sculptés ou peints.

La technique du pan de bois permet d’adapter les constructions à différents usages et besoins qui évoluent au cours du temps : façades en encorbellement, porches abritant les boutiques et formant enfilade, galeries et pièces sous charpente de maisons de marchands aisés, constructions standardisées des XIXe et XXe siècles, etc. Démontables et modifiables, les maisons intègrent de multiples changements notamment dans le nombre et la forme des fenêtres mais aussi l’ajout ou la suppression d’étages. Les bois abîmés peuvent être remplacés plus ou moins facilement et prolonger la durée de vie de l’édifice.

La publication Architectures en pan de bois dans le pays rennais. Un patrimoine insoupçonné s’est focalisée sur les édifices de ce territoire pour mettre en évidence leurs caractéristiques et interroger les influences urbaines. Car s’il est mieux connu que le pan de bois des champs, le pan de bois des villes recèle encore bien des secrets.

 

Un réseau pour partager la connaissance autour des architectures bretonnes en pan de bois

En encourageant une compréhension affinée et partagée de ces architectures, l’opération d’Inventaire du patrimoine vise à porter un regard renouvelé et prospectif sur ces ensembles. Cette étude fait écho à d’autres stratégies portées par la Région Bretagne, notamment un programme d’envergure en faveur de la revitalisation des centres urbains. Elle soutient par ailleurs les architectures durables et l’usage des matériaux bio-sourcés et renouvelables : les constructions traditionnelles en effet apportent des réponses à ces « nouvelles » aspirations et ont l’avantage d’offrir un recul historique permettant de vérifier la pertinence des techniques mises en œuvre. Encore faut-il croiser ces observations, les confronter, les rendre accessibles au plus grand nombre et permettre des échanges autour des constatations et expérimentations.

 

La datation dendrochronologique de ce logis indique deux phases de construction : 1500-1501 pour le rez-de-chaussée, 1565 pour l’étage (Betton, 35) © Région Bretagne

Il s’agit donc de proposer aux communes (plus d’une centaine, de tailles variées), propriétaires, architectes et autres professionnels concernés de participer à la construction d’un réseau actif en faveur de la connaissance de ce corpus à l’échelle régionale.

La méthodologie d’Inventaire offre un référentiel particulièrement adapté à cette dynamique, d’autant qu’en Bretagne l’Inventaire se conduit en privilégiant des démarches partenariales et participatives, avec une grande agilité pour s’adapter à des réalités très différentes. Portée à l’échelle régionale, l’étude pourra donner à lire la diversité des modes constructifs et leurs particularités, les influences, continuités et ruptures… L’encouragement aux études dendrochronologiques permettra également d’enrichir un référentiel à l’échelle régionale, support indispensable pour contextualiser de façon très précise chaque construction.

Pour suivre ces avancées, partager les découvertes autant que les initiatives et les projets (de restauration, réhabilitation, étude, valorisation…), l’idée est aussi de proposer deux fois par an des temps d’échanges et de débats autour des actualités « pan de bois » en cours.

 

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Une plaquette de sensibilisation accompagne par ailleurs l’opération. À disposition dans toutes les communes concernées, elle offre quelques premières clés de lecture [à télécharger ici]. Des temps d’échanges avec les habitants sont également proposés à destination de publics élargis à l’occasion des Journées du patrimoine, en lien avec des associations patrimoine locales, elles-mêmes investies dans l’opération.

Pan de bois dissimulé sous un enduit de ciment (Ploërmel, Morbihan) © Service de l’Inventaire du patrimoine, Région Bretagne

 

Coup de pouce pour les projets de territoire !

Pour accompagner les collectivités dans leur démarche de connaissance et de réhabilitation des maisons en pan de bois, la Région Bretagne a lancé un appel à projets. Il permet aux lauréats d’engager des opérations d’Inventaire locales et de financer des études destinées à orienter et préparer des travaux de restauration.

Pour sa première édition en 2020, la Région Bretagne a retenu les projets de diagnostics sanitaires portés par les villes de Malestroit (56), Quimperlé (29), Vitré (35) et l’agglomération de Quimper Bretagne Occidentale (29).