LA POLITIQUE REGIONALE DE VALORISATION DU PATRIMOINE PERMET D’ACCOMPAGNER CHAQUE ANNEE DE TRES NOMBREUX PROJETS PORTES PAR DES BENEVOLES ASSOCIATIFS OU DES COLLECTIVITES, ET QUI PARFOIS ENTRENT PLEINEMENT EN RESONANCE AVEC LES THEMATIQUES D’ACTION PLURIANNUELLE DEFINIES PAR LA REGION.
L’ENGAGEMENT EN FAVEUR DU PATRIMOINE a été la 6ème thématique patrimoniale mise à l’honneur entre 2020 et 2022, après bien d’autres: les mégalithes (2017-2019), l’archéologie sous-marine (2017-2019), les héritages littoraux (2014-2016), le devenir des voiliers de Bretagne (2011-2013) ou encore l’éducation des jeunes au patrimoine (2009-2013).
Toutes ont révélé le profond attachement des Bretons et des Bretonnes à leur patrimoine régional et/ou de proximité, ainsi que des dynamiques collectives de territoires extrêmement fortes, autant du côté des collectivités que des associations. C’est pourquoi, la Région a souhaité favoriser l’appropriation patrimoniale collective et redonner plus de la valeur encore à l’implication bénévole, mise au service d’un projet commun faisant sens pour tous.
Aujourd’hui, 3 projets primés dans la catégorie VALORISER lors des éditions 2021 et 2022 de l’appel à projets viennent de s’achever et s’offrent désormais au public, une invitation à se mettre en route pour les Côtes-d’Armor : PROFITEZ DE L’ETE POUR VENIR LES DECOUVRIR !
MISE EN VALEUR DES ROUTOIRS ET DE LEUR ENVIRONNEMENT
une réalisation portée par l’Association Skol ar c’hleuziou (L’Ecole des talus)
Expliquer le patrimoine :
L’association Skol ar c’hleuziou a démarré son action il y a 32 ans maintenant. Des circuits de randonnée passent à proximité de ces ouvrages cachés par la végétation mais aucune information sur site n’existait jusqu’à présent. Ce patrimoine bâti était pourtant étroitement lié aux activités agricoles et économiques du territoire puisque la région associait production (de lin et de chanvre) et tissage. On comptait autrefois plus de 6 000 routoirs dans le Trégor, construits entre le 15ème et le 19ème siècles. Ils ont servi jusqu’au milieu du 20ème siècle, à rouir le lin, c’est-à-dire à séparer l’écorce des tiges pour dégager la fibre textile. Aujourd’hui ce patrimoine sort de l’oubli grâce à patient travail de restauration et de mise en valeur qui rétablit le lien avec la biodiversité qui l’habite ou l’entoure.
En savoir + : Patrimoine linier et chanvrier de Bretagne – Inventaire Général du Patrimoine Culturel
Le Service de l’Inventaire du patrimoine culturel a lancé en 2024 un appel à projets participatif sur les patrimoines liés à l’histoire toilière de la Bretagne.
Un travail mené main dans la main :
La restauration de ces architectures de pierre sèche a non seulement permis la réhabilitation de zones humides (estuaire du Jaudy), mais a redonné vie à tout un écosystème qui semblait avoir disparu, facilitant le retour des amphibiens (grenouilles, tritons et salamandres) et de la flore (cresson par exemple).
Forte d’une centaine d’adhérents très impliqués, l’association profite des compétences et de l’expertise de chacun, mais aussi de la participation ponctuelle d’étudiants en formation aux techniques de mise en oeuvre de la pierre sèche (qui se fait aussi en breton!), ou de lycéens en bac pro agricole à Pommerit-Jaudy ou encore de volontaires en chantiers d’insertion sur l’entretien des abords des routoirs par le biais du Centre d’Action Sociale, Culturelle et d’Insertion de Paimpol.
Création et itinérance :
A découvrir en toutes saisons, un parcours pédestre de 12 km au fil de 21 routoirs et fontaines et qui traverse 9 communes : Trédarzec, Troguéry, Pleumeur-Gautier, Pleudaniel et La Roche Jaudy, Pouldouran, Hengoat, Pommerit-Jaudy et La Roche Derrien.
L’originalité du projet a résidé principalement dans le choix d’associer l’art contemporain au milieu naturel en sollicitant des artistes locaux. Illustrateurs, photographes, sculpteurs sur bois ou sur pierre, ferronniers d’art et potiers ont été associés pour révéler la biodiversité animale ou végétale qui vit sur sites. Sans chercher à investir le milieu naturel, ces créations toutes différentes et installées à proximité des routoirs ont pour but de susciter une émotion, de rappeler une activité du passé et d’interpeller le promeneur, site après site, sur la fragilité de la biodiversité.
à Saint-Quay-Portrieux, Mise en place d’un parcours de découverte
une réalisation portée collectivement par l’Association des Amis de Saint-Quay-Portrieux et ses environs,
L’Amicale des moulins, fontaines et lavoirs, Le comité de quartier du Portrieux et Portrieux Patrimoine
Un patrimoine très varié :
Maritime avant tout avec le souvenir de la grande pêche et du cabotage du 16ème au 20ème siècle, son port en eau profonde est aujourd’hui le 1er port coquillier de France. Ses maisons de pêcheurs, d’armateurs, ses villas balnéaires aux allures exotiques comme la villa Ker Moor devenue un hôtel de luxe ou encore son cinéma-dancing Art Déco, sont la signature de cette station balnéaire familiale. Le patrimoine religieux n’est pas en reste et la balade le long du GR 34 réserve de beaux panoramas ainsi que des découvertes botaniques et géologiques. On vous explique par exemple pourquoi le sable de la plage de la Comtesse est noir!
Un portage collectif par le tissu associatif local :
Quatre associations se sont unies au sein d’un collectif pour mettre au point ce projet global de parcours de découverte à travers la ville. Avec le soutien de la municipalité, ce projet citoyen fait le pari de réussir à faire vivre de l’intérieur et collectivement les patrimoines de la ville, d’intéresser et de faire participer des publics variés. Ce parcours de découverte est loin d’être une fin en soi, il a vocation à évoluer, à s’enrichir dans la durée et à susciter le partage.
8 premiers panneaux au contenu trilingue (français, anglais et gallo) sont déjà en place et 8 autres viendront les compléter au printemps 2025.
En savoir + : itinéraire disponible ici et à l’Office de tourisme
Susciter l’envie d’explorer :
Les indications précises, les illustrations et surtout les QR codes qui renvoient à des contenus plus complets sur ce site dédié de la Ville (visites virtuelles, podcasts, textes) doivent avant tout piquer la curiosité et donner l’envie d’aller plus loin. Pari réussi! Collectées et mises en forme par les bénévoles des associations et les habitants, ces informations invitent chacun à s’approprier et à redécouvrir un patrimoine de proximité. Les panneaux serviront désormais de points d’appui pour des circuits de découverte et de randonnées ainsi qu’à des animations diverses, pour les enfants en vacances, les randonneurs, les touristes et les habitants.
Bonus : monter en haut du phare, visiter le moulin Saint-Michel, entrer dans les chapelles Sainte-Anne et Notre-Dame de La Garde grâce aux visites virtuelles à 360°
A TRELEVERN, La Pointe de Port l’Epine raconte son histoire
une réalisation portée par l’ARSSAT (Association pour la Recherche, la Sauvegarde des Sites Archéologiques du Trégor)
L’aboutissement de plusieurs années de recherches :
L’ARSSAT a conduit d’importantes recherches sur l’histoire du Trégor et a assuré bénévolement entre 2018 et 2020, la restauration du corps de garde de Port l’Epine, repéré suite à la réouverture par la Commune d’un chemin de promenade sur la pointe. Le relevé des vestiges encore présents sur le site, confronté aux archives historiques disponibles, avait alors révélé un site défensif du 18ème siècle comprenant un corps de garde, une poudrière, une batterie et deux guérites. Le début d’un projet collaboratif entre la Commune et l’association était né pour y restituer l’ancienne bâtisse avec les matériaux disponibles sur place.
Offrir une lecture pédagogique du site défensif :
Il s’agit tout d’abord de redonner à comprendre aux visiteurs cette implantation stratégique face à la rade de Perros-Guirec, grâce à une table d’orientation. Au sommet de la butte la vue s’ouvre effectivement sur un panorama à 200 degrés, ce qui en faisait un site privilégié de surveillance côtière. Mais surtout, à la manière d’un livre à ciel ouvert, le projet d’animation et les équipements scénographiques (parmi lesquels la reconstitution d’une pièce d’artillerie du 18ème siècle) viennent parachever des années d’investissement associatif et raconter cette histoire militaire qui avait disparu des mémoires.
Aidés par les couturières de l’Atelier de créativité trélévernais, les bénévoles ont endossé le jour de l’inauguration un habit de circonstance pour mieux faire revire l’époque des canonniers gardes côtes en uniformes de 1812 et pourraient bien les réenfiler à l’occasion d’autres temps forts (visites guidées, Journées européennes du patrimoine, etc…).
Des lycéens à l’oeuvre :
Les élèves des lycées professionnels Jules Verne/section chaudronnerie industrielle à Guingamp et Joseph Savina/section graphisme culturel à Tréguier ont été les partenaires tout trouvés de l’ARSSAT pour concevoir et fabriquer certains des équipements de ce centre d’interprétation atypique, en plein air et immersif.
Les premiers ont planché sur une réplique de canon de calibre 24 (3 m de long, 52 cm de diamètre) d’après les plans d’époque en pieds et en pouces fournis par le Musée des Invalides de Paris. Les membres de l’ARSSAT se sont chargés de réaliser la copie de l’affût mobile qui le dirigeait avec l’aide d’un menuisier.
Les seconds ont élaboré la maquette et l’illustration des panneaux pédagogiques destinés à décrire, y compris aux jeunes visiteurs, la vie du corps de garde à l’époque. Un beau défi, impliquant et concret pour ces jeunes et leurs enseignants, associés à ce projet de valorisation culturelle et touristique !
En savoir + : le projet dans son intégralité