Les pardons, formes de pèlerinage, sont des fêtes religieuses parfois très anciennes et célébrées à date fixe. Comportant aussi un aspect profane important, ils continuent à attirer et rassembler des foules parfois nombreuses mêlant fidèles, habitants et curieux venus de plus loin. Ils se déploient dans des lieux qu’ils ont contribué à façonner, et s’appuient sur des objets essentiels à leur déroulement.
Entre patrimoine immatériel et patrimoine matériel
Les pardons et troménies de Bretagne ont été inscrits en 2020 à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel. Dans le même temps, un inventaire des pardons et pèlerinages a été réalisé par Bretagne Culture Diversité. En juin 2022, 1 965 pardons sont actifs en Bretagne historique, dont 1 910 sur les quatre départements de la Bretagne administrative.
C’est l’occasion pour la Région Bretagne de réinvestir les dossiers d’Inventaire liés à ces pratiques, et surtout d’explorer plus avant la thématique. Pas de pardon en effet sans une chapelle, une église paroissiale ou même une cathédrale… Pas de pardon non plus sans bannières, statues de processions, ex-votos, reliquaires, autant d’objets témoignant de la richesse et de la diversité de ces pratiques.
C’est toute cette diversité qu’explore la nouvelle étude thématique d’Inventaire portée par la Région Bretagne. Au-delà des pardons, l’opération s’intéresse également aux sites de pèlerinages. Dans bien des cas en effet, les lieux et les objets célébrés à l’occasion du pardon, attirent aussi les pèlerins le reste de l’année.
Des pratiques en constante évolution
S’ils s’ancrent dans la tradition, les pardons sont aussi des évènements évolutifs. Au fil des ans, les pratiques se modifient : des objets se fragilisent alors que d’autres tombent dans l’oubli. Certains reliquaires ne sortent plus pour les processions, remplacés ou non par d’autres objets… Des adaptations permettent de perpétuer le maniement d’objets très précieux qui demeurent ainsi au cœur des célébrations (par exemple l’utilisation d’une croix de procession du XVIIe siècle, classée Monuments historiques, à la chapelle Ty Mam Doué de Quimper et dont les sorties sont très strictement contingentées par la Direction régionale des affaires culturelles). L’étude se propose de partir des pardons tels qu’ils sont aujourd’hui célébrés pour remonter le temps en collectant mémoire, témoignages et photographies. En documentant les pratiques, l’enjeu est de contribuer à la sauvegarde des éléments matériels – qu’ils soient ou non utilisés. Les associations organisatrices de pardons sont bien sûr les premières interlocutrices, mais l’étude s’attache à croiser le regard de tous les acteurs concernés : officiants, services de l’État, communes…
Regards de l’Inventaire sur la chapelle Notre-Dame-de-Quelven à Guern (56), entre architecture et pratiques
© Service de l’Inventaire du patrimoine, Région Bretagne
Des cadres d’action adaptés à la diversité des contributeurs
C’est en effet l’engagement de la Région Bretagne que d’ouvrir largement les démarches d’Inventaire. Chaque pardon peut donc donner lieu à des temps d’échanges, des « causeries » destinées à recueillir des témoignages, et surtout à essayer d’identifier collectivement les aspects matériels les plus significatifs de la pratique. Toutes les données produites sont accessibles.
L’identification de thématiques fortes peut donner lieu à des actions spécifiques de valorisation, à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine par exemple, comme cela a été le cas à Notre-Dame-de-Quelven à Guern (56) en 2020 et à la chapelle Sainte-Catherine de Plounévezel (29) en 2021. D’autres peuvent être confiées pour approfondissement à des étudiants dans le cadre de mémoire de master. Le partenariat avec les universités bretonnes est essentiel pour appuyer la dynamique de l’étude, multiplier les regards et les compétences. Jeunes historiens ou historiens de l’art, anthropologues, les pardons et les chapelles sont d’extraordinaires terrains d’investigation !
La Région encourage ces travaux en proposant des bourses de master et de doctorat, ainsi que des possibilités de stages longs au sein du service de l’Inventaire, occasions de se former de façon très concrète aux métiers du patrimoine.