inventaire et valorisation du patrimoine de bretagne

Le COVID 19 a mis temporairement sous cloche les collections permanentes et les expositions temporaires dans nos musées mais, en coulisses, le travail est loin de s’être arrêté. Les équipes veillent sur les collections qui constituent le cœur de ces équipements culturels et sont à leurs petits soins. Parce que conserver et restaurer font partie de leurs missions obligatoires, l’Etat et la Région Bretagne les accompagnent financièrement. Cette année, la collectivité régionale double sa contribution au Fonds régional d’aide à la restauration des collections des musées bretons (FRAR) en la portant de 50 000€ à 100 000€, afin de venir également en aide à la filière des conservateurs-restaurateurs, très impactée par la crise.

© Musée de la Compagnie des Indes de Lorient. Détail avant restauration d’un panneau chinois de soie peinte pour le marché européen vers 1770-1790, appelé « pékin »,181 x 66 cm ; restauration aidée au titre du FRAR 2020.

 

FRAR : QUESACO ?

C’est un dispositif d’aide permanent créé en 1982 et financé à parts égales par la Région et l’Etat (DRAC).

II vient aider les 36 musées bretons, qui bénéficient de l’appellation Musées de France, à conserver dans les meilleures conditions leurs collections et à les restaurer en cas de besoin, après un achat, dans la perspective d’une exposition, ou encore d’un prêt à un autre musée.

Conformément à la loi du 4 janvier 2002 relative aux Musées de France, intégrée au Code du Patrimoine (articles L451-1 et L.452-1), une commission scientifique régionale de restauration se réunit 2 fois par an en Bretagne, examine puis se prononce sur les projets de restauration ou de conservation préventive présentés par les musées.

Sur ce même principe paritaire, il existe également un autre outil complémentaire, le Fonds régional d’aide à l’acquisition pour les musées (FRAM).

 

CONSERVER ET RESTAURER

Des métiers faits de patience et de passion :

Il est fait appel à des professionnels très spécialisés, restaurateurs et artisans d’art agréés par le Service des Musées de France (Direction des Patrimoines) du Ministère de la Culture. Peinture, sculpture, ébénisterie, arts du feu ou arts graphiques sont des univers assez classiques, mais il est parfois essentiel de recourir à des savoir-faire plus rares, comme le traitement des pièces archéologiques issues d’épaves sous-marines, de fonds photographiques, de collections naturalistes en fluides (autrement dit en bocaux), d’objets composites ou encore faits de matières synthétiques…

Après une formation diplômante longue (bac+5), ces professionnels choisissent d’exercer soit de manière indépendante soit au sein de grands ateliers ou laboratoires, comme c’est le cas en Bretagne à l’Atelier Régional de Restauration de Kerguéhennec ou à Arc’Antique à Nantes.

Une procédure rigoureuse : 

Les conservateurs-restaurateurs interviennent donc sur des œuvres à forte valeur patrimoniale dans le but de les transmettre aux générations futures. Ils agissent lorsque la matière qui les constitue est menacée et que le vieillissement, les accidents ou encore les remaniements ont fragilisé les œuvres, perverti ou masqué leur image. Après avoir dressé l’examen technique de la pièce à restaurer, c’est le constat d’état, ils mettent en œuvre en concertation très étroite avec les conservateurs de musées et les régisseurs des collections, l’ensemble du protocole relevant de la préservation, conservation préventive et restauration de ces biens culturels.

La FFCR, un réseau de professionnels :

La Fédération Française des Professionnels de la Conservation-Restauration réunit depuis 1992 un ensemble d’acteurs, dans les spécialités les plus diverses, et propose entre autres ressources un annuaire région par région, ou par technique. Composée de professionnels, diplômés ou reconnus, qui souscrivent à une même déontologie, elle est un outil de premier ordre pour les structures et musées en recherche de compétences pointues mises au service de la préservation des œuvres dans le temps.

Soyez curieux et découvrez 2 restauratrices à l’œuvre sur des pièces des 17ème et 18ème siècle

grâce à ces courtes vidéos

La tour de Nankin, objet de curiosité du Cabinet de Robien – Musée des Beaux-Arts de Rennes (13’45)

Des huiles sur toile montrant des paysages chinois – Musée de la Compagnie des Indes de Lorient (4 ’40)

 

CONSERVATION PREVENTIVE

On nomme ainsi l’ensemble des mesures et procédures déterminées après étude, qui sont destinées à prévenir, contrôler et ralentir les détériorations et les dommages que subissent les biens culturels, notamment les collections muséales, et à les conserver, les stocker et les diffuser dans des conditions optimales.

Identifier les causes pour mieux les traiter :

La conservation préventive n’intervient pas à proprement parler sur l’œuvre mais consiste à l’entourer de tous les soins utiles pour que celle-ci ne se dégrade pas. Les facteurs de détérioration ont tous pour origine l’environnement et la manipulation des objets. C’est pourquoi un plan de conservation préventive prend en compte autant le contrôle de l’environnement dans lequel se trouvent exposées ou conservées les œuvres (température, hygrométrie et lumière), que la formation du personnel à ces différentes sources de dégradation, aux indices révélateurs de désordres ou d’attaques (insectes ou champignons par exemple) et au conditionnement adapté des pièces pour leur stockage ou leur transport.

L’anoxie, une technique à couper le souffle !

En 2018, le Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Brieuc présentait une exposition atypique sur ces fameux facteurs de dégradation, discrets mais bien à l’œuvre : « Sorti.e.s de réserve.s ». Une sorte « d’envers du décor » pour donner à comprendre la chaîne opératoire nécessaire au travail sur les collections, ainsi que les différentes mesures de conservation et de restauration avant la présentation en exposition. Et sa bulle d’anoxie que le public a pu voir et se faire expliquer a incontestablement fait le buzz !

On vous explique de quoi il s’agit après quelques images du « making of », aimablement mises à disposition par le Musée d’art et d’histoire – Ville de Saint-Brieuc.

 

Pour débarrasser une œuvre des insectes (œufs,  larves ou insectes adultes) qui la minent, une solution, l’anoxie, autrement dit la privation d’oxygène. Le principe s’applique à tous les types d’objets contenant des matières organiques comme le bois, la laine, le cuir, la cellulose.

On distingue 2 méthodes :

  • l’anoxie statique : les œuvres sont placées et isolées dans une bulle faite de bâches thermo-soudées, qu’on vide de tout son oxygène par absorption. On l’utilise généralement pour des objets de faible volume, comme des livres, de petites statues, des tableaux, des tapisseries, des textiles, ou des cuirs …
  • l’anoxie dynamique : la privation d’oxygène se fait par balayage d’azote avec des contrôles du taux d’oxygène à intervalle régulier. Les pièces à décontaminer peuvent être beaucoup plus grandes, debout, couchées ou disposées sur des rayonnages, en fonction des dimensions et du conditionnement. La bulle peut être très impressionnante et quand il est possible de l’installer au musée, c’est du sur mesure !

Dans les 2 cas, il faut compter 21 jours pour que les œuvres soient complètement désinsectisées.

 

L’importance des réserves : 

De façon complémentaire aux salles d’expositions permanentes, temporaires et périodiques, les réserves ont aussi une fonction culturelle et patrimoniale. La création d’espaces dédiés permet d’assurer efficacement des fonctions de conservation-restauration étroitement liées à la vie des collections du musée. Ce n’est pas un lieu de stockage passif, mais une zone fonctionnelle de traitement des collections, qui obéit à un cahier des charges précis d’aménagement, pour rendre optimum :
• la conservation des collections,
• leur étude (rassembler, identifier, enregistrer),
• leur gestion pour permettre toutes les formes de diffusion (expositions, publications) et de présentation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conditionnement individuel spécifique pour les coiffes imaginé par les Réserves départementales du Finistère – Pascale Delmotte © Région Bretagne

 

 

Ces sujets vous intéressent ? alors le blog Conservation du Musée de Bretagne est fait pour vous !

Retrouvez également l’actualité des collections bretonnes sur le site du réseau Bretagne musées.