L’exemple des LANDES DE MONTENEUF (Morbihan)
Les landes abritent des espèces emblématiques, souvent protégées, comme des plantes carnivores, des oiseaux nocturnes, des chauves-souris, des amphibiens, des libellules ou encore des papillons…Paradoxalement, la pauvreté des sols est à l’origine de la richesse écologique de ces milieux où le schiste pourpre affleure. Aussi les projets de développement durable du territoire à venir devront veiller à se construire dans le respect des mesures de protection et de gestion conjointes de ces patrimoines culturels et naturels. Tout un défi pour un bien commun !
Petite carte d’identité des landes de Monteneuf :
- Un formidable réservoir de biodiversité sur 125 ha,
- 1000 espèces inventoriées depuis 2006,
- 431 espèces végétales, 150 espèces de lichens et 180 espèces animales, soit l’équivalent de plus d’un tiers des espèces animales bretonnes,
- 74 espèces à forte valeur patrimoniale et 7 qui engagent plus particulièrement une responsabilité de conservation : du côté des oiseaux, le busard Saint-Martin, l’engoulevent d’Europe, la fauvette Pitchou ou l’alouette Lulu; du côté des plantes, le damier de la succise, l’isoète épineux, la drosera rossolis à feuilles intermédiaires, une des plus fameuses carnivores,
- 420 monolithes sur 7, 5 ha, 42 pierres droites réparties en 7 files orientées Est-Ouest, datant de 4500 à 3000 ans av. J.-C., qui font de Monteneuf un site mégalithique majeur pour la Bretagne intérieure.
ATTENTION « RESERVE NATURELLE REGIONALE » !
Afin de conserver cette biodiversité remarquable, le site a été classé Réserve naturelle régionale (RNR) et labellisé Espace Remarquable de Bretagne (ERB) en 2013. Gérée par l’Association « les Landes », la réserve a pour vocation de protéger et de mettre en valeur conjointement, patrimoine naturel et patrimoine culturel, une obligation de gestion qui vient en application des articles L.332-1 et suivants et R.332-30 et suivants du Code de l’Environnement.
Une Réserve naturelle régionale, c’est :
- Un paysage vivant mais fragile, protégé par des outils règlementaires forts (dans le cas précis des Landes de Monteneuf, le classement Monuments historiques et Réserve naturelle régionale), afin de le préserver des impacts négatifs de la fréquentation touristique;
- Un périmètre classé pour 10 ans assorti d’un règlement d’usages pris par délibération du Conseil régional;
- Un gestionnaire désigné par la Région Bretagne, qui élabore et met en œuvre un plan de gestion ou plan d’action;
- Un comité de gestion annuel et consultatif associant les différents partenaires (élus, propriétaires, naturalistes, et habitants du territoire);
- Pour certaines réserves, un conseil scientifique qui accompagne le gestionnaire dans son action.
- Une Région investie dans la préservation et la valorisation de ses écosystèmes remarquables
La Région classe en RNR les sites naturels à forte valeur patrimoniale d’un point de vue écologique, faunistique, floristique, géologique ou paléontologique. Ces écosystèmes sont donc représentatifs du patrimoine régional, tandis que la superficie et les limites du site doivent garantir son bon fonctionnement et une gestion cohérente des habitats et des espèces qui y vivent. Si le classement peut être une réponse aux atteintes et menaces pesant sur les sites, une Réserve naturelle régionale n’en demeure pas moins un outil de développement local qui doit pouvoir trouver sa juste place dans un projet de territoire. Une Réserve naturelle peut en effet susciter de nouvelles dynamiques de développement durable et contribuer à renforcer l’identité propre du territoire dans lequel elle s’inscrit. La Région Bretagne reste néanmoins particulièrement attentive à ce que la capacité d’accueil de la réserve naturelle, comme ici aux Menhirs de Monteneuf, soit respectée, et la fréquentation du site calibrée de façon responsable.
La Région Bretagne attend également que les sites classés en Réserve naturelle régionale soient ouverts à tous les publics de manière réfléchie et responsable, à travers un réel projet d’accueil, de communication, d’information et d’accessibilité du site. Son attention va tout particulièrement à la sensibilisation et l’éducation à la nature des plus jeunes notamment, par le biais de programmes de sciences participatives et le développement d’une communauté d’observatrices et d’observateurs. Pas question d’agir sans un minimum de précautions: toute action doit obligatoirement être compatible avec les enjeux de préservation identifiés et la vulnérabilité des habitats, des espèces et du patrimoine géologique ou paléontologique présent.
A ce jour la Bretagne compte 9 RNR labellisées « Espaces naturels remarquables » : les connaissez-vous ? On vous dit tout ici !
Les sites classés en RNR ont aussi vocation à être des lieux de développement de la connaissance naturaliste et scientifique, propices aux expérimentations scientifiques en écologie et biologie de la conservation.
- Une association en charge de la gestion du site
Depuis 2001, l’association « Les Landes », structure d’éducation à l’environnement, œuvre à la valorisation et la préservation du patrimoine naturel et culturel. Gestionnaire de la réserve naturelle régionale de Monteneuf, elle en assure à ce titre la protection et anime un centre de découverte qui accueille des publics scolaires, étudiants, associatifs et touristiques. Toute l’année, une équipe de professionnels et de bénévoles propose des activités participatives, ludiques, sensibles et immersives autour de la nature et de l’écologie, de la préhistoire et de l’archéologie, et du développement durable.
Exemples d’animations scolaires
Découvrez les missions de l’association et profitez de l’offre variée de visite de la Réserve naturelle régionale : Sac à dos naturaliste, Sur le bout de la Lande, Sentier Ozégan, Animations accompagnées, Sentier Land’Art…
LES MENHIRS DE MONTENEUF : L’ARCHEOSITE DE BROCELIANDE
- Culture et nature : un paysage qui s’entretient
Le site géologique et archéologique se trouvant au cœur de la RNR, l’archéologue et les médiateurs du patrimoine travaillent ainsi main dans la main avec la conservatrice et le chargé de mission de la réserve. La gestion partagée de ce site est une particularité qui prend sa source dans l’histoire même de ce territoire au Néolithique. C’est à cette époque que les premiers défrichements par l’homme ont permis aux landes de se développer. Par la suite, c’est cette lande qui a offert une protection aux menhirs souvent appelés aussi « les pierres droites de Monteneuf » et qui permet aujourd’hui encore de préserver le site archéologique.
Un tel site s’entretient pour éviter la prolifération des arbres et arbustes, ou encore de la fougère aigle, mais pas n’importe comment. Le paysage actuel offre parfois une vue restreinte car les landes, de moins en moins entretenues, ont évolué vers des bois de pins. Il importe donc de « ré-ouvrir le milieu » pour permettre aux multiples espèces de continuer à y vivre.
Le déboisement/débardage à cheval constitue alors une solution d’entretien douce et respectueuse des sols qui restaure ce couvert spécifique de landes sèches ou humides, suivant les secteurs, ainsi que la biodiversité associée. Le débardage par traction animale est la méthode privilégiée là où la pierre est apparente, tandis que le débardage mécanique s’impose quand il n’y en a pas. La connaissance géologique du site est donc essentielle et procède d’un long travail préalable de prospection par piquetage tous les 10 cm, de relevés GPS et de cartographie. On vous l’explique un peu plus loin dans la vidéo « Pierres à fleur de Landes » !
- La recherche évolue en permanence
Depuis 30 ans, les recherches archéologiques ont repris sur le site des Menhirs de Monteneuf : fouilles, diagnostics préventifs, prospections. Grâce à la découverte de nombreux vestiges, les archéologues ont pu appréhender plus précisément les méthodes d’extraction, de façonnage, de déplacement, de redressement (érection) et de calage des menhirs. Ils ont évalué la création du site à la fin du Néolithique, il y a 6 500 ans, à l’époque où les hommes, récemment sédentarisés, pratiquaient la culture des champs, l’élevage et vivaient dans des maisons parfois de très grande taille, faites de bois, de torchis et de chaume. Aucun village n’a toutefois été retrouvé à proximité. Les supports d’informations mis à la disposition des visiteurs et la restitution grandeur nature d’un habitat collectif aident toutefois à s’en faire une idée.
Envie d’en savoir plus ? Prenez connaissance des derniers rapports de recherche.
- Avril 2022 : mise en place d’une exposition interactive sur site
La particularité de ce site réside dans le fait que des recherches archéologiques y ont toujours cours, ce que beaucoup de promeneurs ignorent encore. De quoi éveiller des vocations et faire les beaux jours des archéologues de demain ! L’association s’est donc mobilisée pour concevoir un sentier d’interprétation complémentaire au parcours d’interprétation en place, ciblant la zone la plus en retrait des pierres dressées et donc le plus souvent délaissée par les visiteurs. L’exposition de plein air, « Dans les pas des archéologues », originale et esthétique, vient désormais expliquer de manière immersive les coulisses du métier d’archéologue. Elle évoluera aussi en fonction des avancées déterminantes de la recherche scientifique sur le site même. La Région Bretagne a accompagné cette initiative de mise en valeur du patrimoine archéologique, lauréate en 2018 de l’appel à projets régional « Mégalithes de Bretagne« .
La vidéo « Pierres à fleur de Landes » réalisée en 2021 par Scopidrone invite à revenir sur les étapes préalables à cette installation pédagogique : prospection archéologique – cartographie – déboisement et débardage à cheval pour permettre de retrouver le paysage de lande – mise en évidence des pierres affleurantes – matérialisation des chemins – sensibilisation du public (avec l’aimable autorisation de diffusion de l’Association Les Landes de Monteneuf).
- Un programme d’animations renouvelé
Si le site peut se visiter librement et gratuitement toute l’année, il n’en reste pas moins vulnérable et nécessite que tous, nous en prenions soin. Pas question d’y faire n’importe quoi ! Seuls les guides de l’Association les Landes sont habilités à proposer des visites et activités sur le site des Menhirs de Monteneuf. Leur contenu, scientifique et ludique à la fois, se met à la portée de tous, sensibilise le visiteur à ces deux dimensions culturelles et naturelles fondamentales et apporte un supplément d’âme à un site marquant de la Bretagne intérieure.
Découvrez une offre de visite à taille humaine, individuelle ou en petits groupes.
Le n°1 des « ateliers Préhisto » ? Déplacer un menhir bien sûr ! Un peu de réflexion, un peu de muscle et beaucoup de collectif, et voilà la clé pour déplacer un menhir comme au temps de la Préhistoire tout en passant un bon moment!
S’ENGAGER DANS UN TOURISME DURABLE
- Les Landes de Monteneuf : un site d’exception naturel et culturel
La Bretagne attire indéniablement par la magie et les caractéristiques identitaires de ses sites naturels et culturels, la qualité et l’authenticité de ses paysages. Chacun a pris conscience de la valeur économique, sociale et environnementale qu’ils représentent. Leur préservation et leur valorisation constituent donc un enjeu majeur car ils sont un atout pour notre région. L’association « Les Landes » souhaite donc aller vers un développement équilibré et respectueux du site des Landes de Monteneuf, en conciliant fréquentation touristique et préservation des ressources, et s’inscrire dans une « micro-destination » exemplaire d’un tourisme en harmonie avec le territoire.
C’est à ce titre que le site des Landes de Monteneuf – Archéosite de Brocéliande a été retenu au dispositif d’aide régionale « Sites d’exception naturels et culturels » (sélection des projets 2020). Ainsi pendant 3 ans, la Communauté de Communes d’Oust à Brocéliande et l’association « Les Landes » sont accompagnées en ingénierie (co-construction d’un diagnostic et d’un plan d’actions) et perçoivent une aide financière en investissement et en fonctionnement pour mettre en oeuvre les objectifs définis au plan d’actions triennal.
Ce dispositif régional s’inscrit dans une démarche de développement touristique et d’amélioration des infrastructures et des services dédiés à l’accueil des visiteurs à chaque étape de son parcours (transport, hébergement, restauration, activités, etc…), tout en respectant le patrimoine naturel au sens large, biodiversité et paysage. Plus concrètement, cela consiste par exemple à identifier et à préserver les zones les plus à risque, à aménager les espaces selon une approche sobre et efficiente, à éviter le dérangement de la faune, à canaliser le visiteur sur des cheminements destinés à préserver la biodiversité (souvenez-vous des balisages de la pointe du Raz pour régénérer une végétation trop longtemps piétinée), à empêcher le stationnement sauvage, etc…
- Ambition et enjeux à l’échelle régionale
Dans le cadre de la mise en œuvre du Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs 2020-2025 « Identité et transitions » , approuvé par la collectivité territoriale en octobre 2020, la Région entend faire des sites naturels et culturels à forte notoriété et à fort potentiel de notoriété, des vitrines de l’excellence touristique bretonne et des vecteurs de rayonnement et de diffusion sur le territoire :
- Privilégier la qualité et l’authenticité de l’expérience de visite avant le nombre de visiteurs, afin d’être à la hauteur de la promesse que le site laisse entrevoir dans l’imaginaire collectif, tout en veillant à une meilleure répartition des flux tout au long de l’année.
- Mobiliser l’ensemble des acteurs publics, privés et associatifs ainsi que les habitants pour garantir la conciliation de la fréquentation touristique avec la préservation des milieux naturels et de leurs ressources.
- Œuvrer à un tourisme durable sur les sites naturels et culturels touristiques bretons en rendant le visiteur acteur de la préservation du site, en harmonie avec le territoire et ses habitants.