inventaire et valorisation du patrimoine de bretagne

© Cadmée-AST-Gruet-Peutz-LTP

Au-delà de sa vocation de musée d’histoire et de site, ce lieu éveille les consciences et rappelle que notre pays s’est battu au nom de principes humanistes forts et assumés qui fondent notre société actuelle. Un projet de rénovation porté par l’EPCI* De l’Oust à Brocéliande Communauté et soutenu par l’Etat (Ministère de la culture et Ministère des armées), la Région Bretagne et le Département du Morbihan.

LE MAQUIS DE SAINT-MARCEL, UN LIEU DE RESISTANCE HISTORIQUE

Situé à une vingtaine de kilomètres de Ploërmel et à 30 minutes de Vannes, la commune de Saint-Marcel reste un des hauts-lieux de la Résistance française. Au printemps 1944, plusieurs milliers de jeunes Bretons s’organisent localement pour libérer le territoire et prennent le maquis grâce à la complicité active et bienveillante des habitants de Saint-Marcel et des localités voisines.

18 juin 1944 : c’est là précisément, juste après le débarquement allié en Normandie, que s’est tenu l’un des tous premiers combats entre combattants français et occupants allemands, avec le renfort des parachutistes SAS de la France Libre largués sur le sol breton dans la nuit du 5 au 6 juin. Les Alliés ont parachuté sur cette zone, entre forêt et bocage, une quantité d’armes et de matériel exceptionnelle, comme jamais encore en France occupée. Cette addition des forces entre Résistance intérieure et extérieure est restée une première, même si hélas la population a payé un lourd tribut pour le soutien apporté aux combattants de Saint-Marcel.

 

Le musée d’hier à aujourd’hui

Petit retour en arrière :

Construit en 1984 à 1 km à l’ouest du centre de Saint-Marcel, au lieu-dit Les Hardys Béhélec sur les lieux même des combats, le musée incarne et perpétue cette mémoire, tandis que la commune voisine de Sérent abrite le Monument de la Nouette et la Croix des parachutistes. Un « Itinéraire de Mémoire » a été inauguré en début d’année pour permettre aux visiteurs de découvrir divers lieux du souvenir, marqueurs historiques d’un lourd passé dans la commune : 11 bornes aux couleurs de la croix de Lorraine les signalent au long d’un parcours pédestre d’une heure et demie sur un peu plus de 5 km.

Le saviez-vous ? Le 27 juillet 1947, le Général de Gaulle revient sur les lieux du combat. Le 11 novembre 1948, sur décision du Ministre de la défense nationale, Saint-Marcel est citée à l’ordre de l’armée « commune héroïque ».

Les collections réunies à partir de la fin des années 1970 avaient d’abord permis d’ouvrir à Saint-Marcel une salle municipale dédiée à l’histoire du territoire sous l’occupation allemande et pendant la Libération, puis ce fonds initial s’est par la suite enrichi de nombreux dons consentis par des particuliers après la création du musée. Aujourd’hui près de 12 000 objets sont conservés avec soin, certains porteurs d’une valeur patrimoniale, historique ou mémorielle exceptionnelle.

Le Corbeau des mers, un morceau vivant de l’Histoire de la Résistance :

Suite à l’appel du Général de Gaulle le 18 juin 1940, une trentaine d’habitants de l’Ile de Sein rejoignent la France libre (alors en Angleterre), à bord de ce langoustier construit en 1931. Il est le dernier témoin à flot de cette période et à ce titre a été classé Monuments Historiques en 1991.

© 47°Nautik

Il arbore aujourd’hui la marque Voiliers de Bretagne ® qui réunit sous la même bannière 47 voiliers traditionnels accueillant du public. Amarré au port de Vannes, 47° Nautik propose des sorties pour découvrir la navigation traditionnelle dans le Golfe du Morbihan et des dégustations de produits locaux en cours de balade.

Le projet de nouveau musée :

Les 1000 m² de l’ancien musée ont fermé au public le 1er septembre 2019, pour laisser place à d’importants travaux de démolition, rénovation et d’extension. Architecture et scénographie avaient petit à petit perdu en attractivité, et le site méritait bien qu’on lui redonna une nouvelle figure, pour témoigner de manière plus sensible de « l’esprit du lieu », du vécu de ses habitants et de ce moment d’histoire.

Le choix d’une formule mixte combinant nouvelle construction et préservation d’une partie des bâtiments de l’ancien musée a été privilégié par la Communauté de communes du Val d’Oust et de Lanvaux (CCVOL), alors maître d’ouvrage. L’Agence parisienne Cadmée, lauréate du concours d’architecte en 2017, a su convaincre par sa proposition qui inscrit le futur musée dans une politique nationale du tourisme de mémoire. La mise en scène paysagère, le choix des matériaux et la distribution du parcours concourront pleinement à en faire un lieu culturel, citoyen et mémoriel tout à la fois.

Damien Lepage © DRAC Bretagne

Les travaux de démolition ont démarré à l’automne 2019 et on devine sur l’actuel chantier l’implantation des bâtiments qui s’articuleront autour d’un patio intérieur en forme de croix de Lorraine.

Un bardage de bois calciné rappelant la politique de terre brulée opérée par l’armée allemande en représailles après les combats de Saint Marcel, caractérisera le pavillon d’entrée.

 

DECOUVREZ LA VISITE VIRTUELLE 3D 

 

 

Côté scénographie :

  • un parcours permanent chronologique, qui conservera deux éléments forts du premier musée, la « rue » et le « bunker» et qui mettra en scène une partie des véhicules français, allemands et américains de cette époque qui appartiennent au musée,
  • une maquette dynamique pour revivre la Bataille de Saint Marcel,
  • « Résister aujourd’hui », une séquence finale pour la jeune génération destinée à rappeler les valeurs héritées de la Résistance et à faire comprendre en quoi elles sont essentielles.

Dans l’attente de la réouverture, une offre de visite itinérante est toujours possible pour les groupes

«  Sur les pas des maquisards de Saint-Marcel –  Histoire,  Mémoire et convivialité ».

Des objets qui racontent une histoire : celle d’hommes et de femmes entrés en lutte

L’ensemble des collections, aujourd’hui propriété de l’EPCI De l’Oust à Brocéliande Communauté, fait l’objet d’un très important chantier des collections engagé depuis 2015.

Certains sont des objets « usuels » qui n’ont de valeur que par la personne à qui ils ont appartenu ou par l’épisode héroïque ou tragique qu’ils évoquent. Investis d’une vraie « charge émotionnelle » qui souvent touche le visiteur, il est apparu important qu’ils puissent « incarner » le propos, remettre de l’humain au cœur du parcours de visite et faire surgir des « visages » de la Résistance en Bretagne.

Un vêtement, de faux-papiers, un brassard, une dernière lettre…, la bicyclette d’un agent de liaison entré dans la clandestinité ou encore une radio « pédale » bricolée pour capter la BBC même en cas de coupure de courant. Autant de morceaux de vie donnés à comprendre.

Le musée compte aussi une quinzaine de véhicules anciens, militaires et civils, toujours roulants pour certains, que des collaborateurs bénévoles de la collectivité s’emploient à remettre en état. Même s’ils n’ont pas le statut de collections au regard de la loi sur les Musées de France, ils participeront eux-aussi à la scénographie des nouveaux espaces.

UN CHANTIER DES COLLECTIONS TITANESQUE

Un passage obligé :

Chaque pièce de collection « Musées de France » est protégée par la loi 2002-5 du 4 janvier 2002 du Code du patrimoine, mais qu’est ce qui la distingue d’une autre?

Le Ministère de la culture reconnaît son intérêt public, son caractère inaliénable et imprescriptible (elle ne peut être ni cédée ni vendue). Tout musée, qui bénéficie de cette appellation, comme c’est le cas du musée de la Résistance en Bretagne, s’engage à remplir ces quatre grandes missions :

  • conserver, restaurer, étudier et enrichir les collections,
  • les rendre accessibles au public le plus large,
  • concevoir et mettre en œuvre des actions d’éducation et de diffusion,
  • contribuer aux progrès de la connaissance

Le chantier des collections est un travail de longue haleine, méthodique et coûteux qu’il convient de démarrer bien en amont des travaux d’aménagement. Il consiste à identifier, inventorier chaque objet, à prendre les mesures conservatoires qui s’imposent, à conditionner de manière réglementée et à stocker les pièces en ordre, dans l’attente de leur installation dans le nouveau parcours de visite ou de leur mise en réserves.

Une jeune équipe très motivée :

Ils sont 3 chargés de mission au titre de l’inventaire et de la régie des œuvres à avoir été recrutés pour conduire ce chantier : Clémence, Marie et Etienne.

Une découverte d’abord : l’extrême variété des collections militaires et civiles, mais un « choc » aussi devant l’état déroutant dans lequel certaines se trouvaient ! Objets posés en vrac sur des étagères ou au sol, objets superposés, entassés, non étiquetés, non nettoyés et d’origines diverses.

Sans doute ne s’attendaient-ils pas non plus à se mettre à la machine à coudre pour confectionner des housses de protection pour les vêtements ou divers objets, à inventer des modes de conditionnement à la fois pratiques, respectueux des mesures de conservation préventive et donc réversibles, comme les moules de formes pour les armes de poing, ou à rechercher des témoins capables de leur apprendre à plier réglementairement un parachute !

Leur mission :

  • récolement et identification de chaque pièce,
  • dépoussiérage et nettoyage, remise en forme ou mannequinage,
  • marquage si le numéro d’inventaire s’avère manquant, étiquetage,
  • constat d’état et prise de vues
  • saisie informatique et signalement de l’emplacement dans le parcours d’exposition permanent ou en réserves,
  • conditionnement et stockage.

Au-delà de son aspect règlementaire, leur travail a permis de redécouvrir certains objets et de faciliter la sélection des pièces emblématiques qui seront présentées dans le futur parcours de visite. En dressant les constats d’état nécessaires, ils identifient les objets fragiles qu’il faudra faire restaurer par des professionnels habilités avant mise en exposition.

Ils ont aussi pu compter sur l’aide des autres membres de l’équipe : avec beaucoup d’ingéniosité et d’économie de moyens, les matériels préexistants à leur disposition (rayonnages, grilles, etc…) ont été démontés, bricolés, recyclés et y ont trouvé une 2ème vie dans des réserves temporaires toutes proches, mises à disposition dans le cadre d’une convention de mécénat en nature par une entreprise locale.

 

Le chantier des collections va bon train, les travaux se poursuivent et

l’équipe vous donne rendez-vous le 18 juin 2021 : tout un symbole !

VOUS POUVEZ ENCORE CONTRIBUER AU PROJET

des opérations de mécénat sont toujours ouvertes pour permettre de compléter le programme.

*EPCI : établissement public de coopération intercommunale