inventaire et valorisation du patrimoine de bretagne

Après le Musée de la Résistance en Bretagne (à Saint-Marcel, Morbihan) et le Musée Mathurin Méheut (Lamballe-Armor, Côtes-d’Armor), ce nouvel article vous emmène au large, à vingt kilomètres des côtes du Finistère, à Ouessant (Enez Eussa en breton), où les chantiers battent leur plein.

Grâce à sa politique de soutien en faveur des  Musées de France bretons, la Région Bretagne accompagne les travaux de réfection des deux musées ouessantins, l’écomusée et le musée des phares et balises. Aux côtés de l’Etat et du Département du Finistère, son engagement permettra l’ouverture au public d’équipements historiques, sauvés, rénovés et adaptés, au bénéfice d’une expérience culturelle et touristique de 1er ordre.

Auteurs de vues © Frédéric Henry

 

L’ECOMUSEE au hameau du NIOU-HUELLA

Le hameau du Niou © FCM – Graphic – Phovoir

Il aurait pu tout simplement disparaître ! En 2017, un incendie criminel détruit partiellement la maison-musée et ses collections : c’est l’incompréhension et l’abattement parmi les habitants et au sein de l’équipe du musée, et puis c’est la tempête Ciaran qui le met encore à la peine… Mais un élan solidaire va le relever pour qu’il redevienne le lieu ressource qu’il était, expliquant ce que fut sa longue histoire et ce que sont les enjeux d’aujourd’hui et de demain. Les Ouessantins et Ouessantines se sont toujours régulièrement impliqués dans l’animation du site, à l’occasion de démonstrations ou de rencontres, pas question que cela s’arrête!

La Région Bretagne soutient la restauration-rénovation de l’écomusée – maison du Parc d’Armorique.

 

 

Un témoignage essentiel de la vie insulaire à Ouessant :

L’écomusée d’Ouessant ouvrait ses portes à l’été 1968, c’est alors le tout premier en France! Sa création par Jean-Pierre Gestin, son premier conservateur, s’inscrit dans la mouvance des parcs naturels régionaux pionniers. Il précède en effet de quelques mois la naissance du Parc naturel régional d’Armorique qui a permis de concrétiser le projet de musée de plein air ancré dans son environnement, formulé par Georges-Henri Rivière au début des années 1960.

Il s’agissait de répondre de manière novatrice, à cette nécessité de conservation, en replaçant les éléments de patrimoine dans leur contexte, en montrant les liens entre l’habitat et son environnement, et en prenant en compte de façon globale un patrimoine lié à l’ensemble d’un territoire et de ses habitants:

l’exposition Un Musée pas comme les autres (visible sous Calaméo) vous dit tout de cette aventure !

Une des maisons de l’écomusée – Marine Michel © Région Bretagne

Un dialogue permanent entre nature et culture :

Dès 1988, l’UNESCO déclarait les îles de Molène, Sein et Ouessant, « Réserve de biosphère de la mer d’Iroise », sur 100 000 hectares et 98% de surface marine : une reconnaissance pour la plus petite réserve de biosphère de France en nombre d’habitants (1 218 habitants recensés en 2018 sur les trois îles), dont la coordination est assurée conjointement, par le Parc naturel régional d’Armorique et le Parc naturel marin d’Iroise. Ces territoires modèles cherchent alors à concilier conservation de la biodiversité et développement économique et social durable, et encouragent la recherche scientifique et la sensibilisation à l’environnement.

A terre comme en mer, les activités humaines et les ressources ont toujours été intimement liées (agriculture, pêche, tourisme), permettant de garantir un espace de vie dynamique toute l’année sur les îles. Aussi, la Réserve de biosphère des îles et de la mer d’Iroise aspire à perpétuer les échanges entre les hommes et la nature. C’est pourquoi le développement d’activités pérennes et respectueuses des milieux et ressources, le maintien des populations à l’année sur les îles et la transmission des patrimoines sont au cœur du projet de la Réserve de biosphère.

 

A VISIONNER : Objets d’histoire, histoire d’objets ! (10’19) sur la chaine Youtube du PNRA

En 2020, le Parc naturel régional d’Armorique s’est associé à la compagnie théâtrale brestoise Teatr Piba pour créer, avec les habitants d’Ouessant, un spectacle participatif autour des patrimoines de l’île, des objets et de la mémoire familiale et collective des îliens. L’expérience a donné lieu à un spectacle participatif et déambulatoire entre l’Écomusée d’Ouessant et le Musée des Phares et Balises et c’est précisément ce thème des « patrimoines vivants, patrimoines à vivre » qui a été choisi pour l’exposition temporaire 2024 qui s’est achevée début novembre.

 

LE PHARE DU CREAC’H 

Près d’une falaise abrupte se jetant dans la mer, le site du Créac’h (qui veut dire promontoire en breton), se constitue d’un phare, de logements de gardiens et de bâtiments annexes, regroupés dans un enclos fermé par un mur d’enceinte. Le phare est la propriété de l’Etat et il a été classé au titre des Monuments Historiques en 2011. Ce statut juridique vient reconnaître l’intérêt patrimonial du bien (historique, artistique, technique ou scientifique) afin qu’il soit conservé, restauré et mis en valeur.

Très exposé aux éléments, de nombreuses campagnes d’entretien et de restauration successives ont été conduites pour endiguer le vieillissement de l’ensemble des bâtiments construits entre 1860 et 1864, garantir son bon fonctionnement et la sécurité des agents comme celle des visiteurs.

Petit coup dœil dans le rétro :

1955 – 1958 / Installation du chauffage central dans les bâtiments des logements.
1965 – 1966 / Travaux de restauration des logements : réaménagement du cloisonnement intérieur, changement d’une partie des menuiseries et réfection des enduits extérieurs.
1967 / Travaux de réfection divers sur le phare et les logements : révision des groupes électrogènes, remise en état de l’étanchéité de la lanterne, reprise des peintures sur le phare et les logements.
1971 / Démolition du bâtiment provisoire des machines, construit entre 1932 et 1936.
1972 / Travaux sur les bâtiments des logements : travaux d’étanchéité sur l’aile Ouest
des bâtiments, réfection des peintures extérieures, remise en état du logement du gardien chef.

1988 / Désaffection de la centrale électrique et réaménagement en Musée des Phares & Balises, construction des bureaux attenants au musée.
2005 / Etude de programmation pour la restauration de l’ensemble immobilier : reprise de l’étanchéité des terrasses, ravalement des façades, remplacement des menuiseries extérieures, traitement anti-mérule (un vilain champignon!) et réhabilitation des espaces intérieurs, démolition des cheminées et cuves à eau devenues inutiles dans le musée, remise en conformité du réseau d’assainissement.
2008 / Rapport d’inspection sur le chemin de ronde et sur la structure métallique de la lanterne ; Travaux de réfection des couvertures : mise en œuvre de couvertures en zinc sur tous les bâtiments et réfection de l’étanchéité des terrasses.
2011 / Restauration de la lanterne du phare.
2013 / Etude préalable à la restauration et à la mise en valeur du phare pour le compte du Conservatoire du Littoral.

Voir les notices d’Inventaire et leurs images :

Quelques chiffres à vous donner le tournis :

  • Hauteur au dessus de la mer : 70 m
  • Taille générale : 54,85 m
  • Hauteur de la focale : 50 et 47 m
  • Portée actuelle : 32 milles (soit 59 km 264 m)

Le saviez-vous ?

En 1939 on installe une nouvelle lanterne qui a fait l’objet d’une présentation, 2 ans auparavant, à l’Exposition Universelle de Paris de 1937. Le feu du Créac’h est alors le plus puissant du monde.

Mais comment vivaient les gardiens de phare ? DECOUVREZ Concentré de mémoire!

L’actuel projet de restauration et d’aménagement muséographique porté par le Département du Finistère prévoit de rendre le fût accessible à la visite.

 

LE MUSEE DES PHARES ET BALISES

La restauration connexe du musée émarge aux crédits du Contrat de Plan Etat-Région (CPER 2021-2027) qui priorise son soutien en direction de 3 équipements culturels du territoire breton, à savoir : le Musée des Phares et Balises d’Ouessant, le Musée des Jacobins de Morlaix et le Musée de la Préhistoire de Carnac.

Un peu d’histoire :

Labellisé Musée de France, le Musée des Phares et Balises a été créé en 1988 par le Département du Finistère en partenariat avec le Ministère de l’Equipement et le Parc naturel régional d’Armorique. Ouessant, véritable musée à ciel ouvert de la signalisation maritime, a toujours été considéré comme un terrain d’expérimentation des nouvelles technologies en la matière. De 1861 à 1939, les travaux dans le domaine ont été à peu près continus. L’île était donc le lieu idéal pour ouvrir un musée dédié à la signalisation maritime.

La collection :

La collection du musée compte environ 800 objets et retrace l’ensemble des évolutions techniques réalisées depuis plusieurs siècles en matière d’éclairage, de signalisation et balisage maritime. Autant de trésors qui témoignent de l’épopée des hommes qui ont rendu possible la navigation sur toutes les mers du globe.

La majeure partie de la collection provient de l’ancien musée installé depuis l’Exposition Universelle de 1878 au dépôt central des phares et balises au Trocadéro, à Paris. Jusqu’à sa fermeture en 1955, ce musée présentait des spécimens de divers appareils d’éclairage conservés dès le début du XIXème siècle par le service des Phares. Le reste de la collection est issu de dons et d’acquisitions, via la Société Nationale de Sauvetage en Mer d’Ouessant par exemple. De nombreuses pièces d’archéologie sous-marine provenant d’épaves, sont aussi conservées au musée dans le cadre de dépôts des services de l’Etat (DRASSM) ou d’associations de plongée.

 

Un chantier des collections hors du commun :

Le Musée des Phares et Balises a fermé ses portes le 6 novembre 2023 pour des travaux de rénovation et de modernisation qui dureront jusqu’en 2027. Le chantier des collections est un travail de longue haleine, méthodique et coûteux qu’il convient de démarrer bien en amont des travaux d’aménagement. Il consiste à identifier, inventorier chaque objet, à prendre les mesures conservatoires qui s’imposent, à conditionner de manière réglementée et à stocker les pièces en ordre, dans l’attente de leur installation dans le nouveau parcours de visite ou de leur mise en réserves.

En juin 2024 le démontage des objets les plus imposants (optiques de phares, appareils à réflecteurs paraboliques tournants, etc…) a été lancé. Plus de 60 % de ceux présents dans le parcours permanent ont été déplacés dans les réserves pour être mis en sécurité le temps des travaux, grâce à la mobilisation et à l’énergie déployée en interne. Les 40 % restants concernaient les objets les plus volumineux et lourds, aussi le Département a fait appel à une entreprise de manutention spécialisée ainsi qu’à des restaurateurs du patrimoine agrées, pour mener de mai à août cette opération délicate. Dès la première semaine, l’équipe a constaté que du mercure était présent dans cinq cuves d’optique. Les agents des Phares et Balises ont donc procédé à la vidange et à la dépollution de ces cuves, sous périmètre de sécurité renforcé.

 

Enfin, un futur parcours thématisé et immersif riche d’informations :

  • Fortunes de mer ;
  • Les phares mythiques ;
  • Éclairer le monde ;
  • Le ballet des optiques : lentilles, réflecteurs, ampoules…feront l’objet d’une scénographie dédiée.
  • Vivre le phare  une découverte sensorielle et expérientielle, complétée par la restitution de la chambre de veille du phare d’Armen
  • Le phare : une projection panoramique en double-écran restituera le paysage vu depuis la lanterne, un dispositif immersif dont pourront profiter tous les visiteurs, notamment ceux qui n’auraient pas la possibilité de faire la visite du fût.

 

Partez à la découverte d’Ouessant et des territoires du Parc Naturel Régional d’Armorique