Le 19 mai 1303, Yves Hélory meurt dans le manoir de Kermartin à Minihy-Tréguer où il est né 50 ans plus tôt. Prêtre ascétique, modèle de justice et de charité, il cristallise aujourd’hui une part de l’identité bretonne.
Le culte pour ce prêtre avocat s’est instauré très tôt. Par acte du 19 mai 1347, le pape Clément VI, canonise officiellement Yves Hélory en l’inscrivant au catalogue des saints et en fixant au 19 mai le jour de sa célébration. Le 25 mai 1347, à la levée de son corps, sa tête est placée dans un reliquaire et le reste des reliques mis dans un sépulcre placé à l’intérieur de la cathédrale de Tréguier, que Jean V fait surmonter d’un monument.
Sur ses innombrables représentations (statues, vitraux et peintures), saint Yves porte le plus souvent la robe semée d’hermines et est généralement figuré avec une bourse d’aumône dans une main, un parchemin dans l’autre pour rappeler sa charge de juge ecclésiastique. Il incarne en effet l’idéal de justice, préférant le bon droit du pauvre à l’argent du riche. C’est ainsi que le montrent des dizaines de groupes peints ou sculptés, entre le XVIe et le XVIIIe siècles, principalement en Basse-Bretagne.
En 1880, année où le 14 juillet devient fête nationale, l’évêque de Saint-Brieuc déclare le 19 mai « fête nationale des Bretons ». En 1924, les évêques bretons proclament saint Yves co-patron de la Bretagne avec sainte Anne. Au début du XXe siècle, avec le renouveau de la dévotion et des pardons, celui de Tréguier prend une nouvelle ampleur. Toutes les professions de justice s’y retrouvent, et la procession à travers la ville derrière le crâne d’Yves Hélory est, avec celle de Sainte-Anne d’Auray, la plus imposante de Bretagne.
La pérennité de ce pardon achève la « bretonnisation » de saint Yves, y compris au sein de la diaspora bretonne et aujourd’hui où la fête de la Bretagne adossée à celle de saint Yves fait écho à la saint Patrick de nos cousins irlandais.
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