inventaire et valorisation du patrimoine de bretagne

« Ville assiégée par Vauban, ville prise, ville défendue par Vauban, ville imprenable. »

Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707) est le plus connu des ingénieurs militaires français. À partir de 1678, date à laquelle il devient commissaire général des Fortifications, Vauban contrôle, contresigne et arrête tous les projets de fortifications du royaume.

Ce n’est qu’à la mort de Colbert en 1683 que Vauban s’occupe de la défense de la Bretagne. Avec la montée en puissance du pouvoir royal sous Louis­ XIV vient en effet la nécessité de fortifier le littoral breton et notamment les ports de Saint-Malo, Morlaix, Brest, Port-Louis, Lorient et Nantes pour les mettre à l’abri des insultes de l’ennemi. Vauban est aidé dans sa tâche par d’autres ingénieurs à la fois collaborateurs et élèves : Garengeau à Saint-Malo et sur la côte nord, du Couësnon à la rivière de Morlaix, Lavoye, Mollart, de Combes, Massiac de Sainte-Colombe et Robelin à Brest, Traverse sur la côte sud côté Cornouaille. Au total, 280 ingénieurs travaillent avec Vauban à l’échelle du royaume.

Fort national à Saint-Malo (35) – © Région Bretagne

Vauban inspecte les côtes de Bretagne à six reprises, de 1683 à 1699. Pour l’ingénieur, les milices garde-côtes permettent d’assurer, à un moindre coût, la surveillance du littoral. Le guet de la mer s’organise ; de petits édifices en pierre se dressent partout sur la côte : simples corps de garde d’observation reliés aux autres par des signaux, ils peuvent aussi constituer au XVIIIe siècle des ensembles fortifiés comprenant une batterie de côte regroupant quelques pièces d’artillerie. En cas d’alerte, le signal se fera « de jour par fumée, et de nuit par feu » puis par des « signaux et correspondances » relayés dans l’intérieur des terres par le tocsin des églises et des chapelles.

 

Vauban perfectionne la fortification littorale en adaptant plusieurs solutions architecturales comme les enceintes urbaines des ports de Brest et de Saint-Malo, créant de toutes pièces plusieurs grandes batteries de côte au ras de l’eau, sept tours de défense côtière servant tantôt de tour-réduit (Camaret, fort Cézon à Landéda, les Hébihens à Saint-Jacut) tantôt de fanal (Ouessant, Fréhel) et une série de forts à la mer (fort du Petit Bé, fort

National).

Vue aérienne de la citadelle de Port-Louis (56) – © Région Bretagne

À chaque solution architecturale correspond un cas de figure différent, résultat d’une savante équation entre la balistique (portée de l’artillerie, distance par rapport à un but marin en mouvement ou au mouillage), la cartographie (compréhension et représentation de l’espace littoral) et la topographie (mesure et représentation du relief). Économie oblige, Vauban réutilise et adapte à l’artillerie moderne d’anciens ouvrages comme le château de Brest, la ville-close de Concarneau, la citadelle du Palais à Belle-Île ou le château du Taureau en baie de Morlaix.

 

 

 

 

Tour Vauban à Camaret-sur-Mer (29) – © Région Bretagne

 

En 2008, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a choisi de distinguer l’ensemble de de l’œuvre de Vauban à travers 12 de ses réalisations en France : chaque site fortifié présente ainsi une facette de l’œuvre de Vauban, complémentaire des autres. En Bretagne, si une vingtaine de sites porte l’empreinte du célèbre ingénieur militaire, c’est la Tour Vauban de Camaret qui a été choisie en tant que prototype du « fort à la mer, à batterie basse et tour de gorge ». Ce site a de plus été le théâtre de la bataille de 1694, où une attaque anglo-hollandaise a été repoussée.

 

 

 

 

Pour aller plus loin sur le sujet

Des forts vaubaniens sont ouverts à la visite en Bretagne comme le fort National et le fort du Petit Bé à Saint Malo, le château du Taureau en baie de Morlaix ou encore le fort Cézon à L’Aber Wrac’h. Le nouveau centre d’interprétation de la Tour Vauban a ouvert ses portes à Camaret en juin 2018.