inventaire et valorisation du patrimoine de bretagne

On connaissait les emblématiques « abris du marin* » créés par Jacques de Thézac au début du 20ᵉ siècle dans des ports bretons, pour occuper le marin et le détourner de la boisson. Mais ce serait oublier combien les bistros ont justement été, tout au long du siècle dernier, au cœur de la vie des marins.

Lieux de sociabilité et de paye autant que de recrutement, souvent tenus par des veuves de marins, ils étaient un rouage essentiel de l’économie et de la vie portuaire. Qui se souvient qu’ils étaient 400 en 1920 à Douarnenez, 260 en 1956? et plus que quelques dizaines aujourd’hui ?

Avec « Marins à l’ancre : vie et mémoire des marins à terre dans le pays de Douarnenez et du Cap Sizun », l’Association Emglev bro Douarnenez a permis aux Douarnenistes de se replonger dans leur histoire personnelle et familiale. Pour les nouveaux habitants, le projet offre le temps d’une exposition (jusqu’en novembre 2020), une meilleure connaissance de l’histoire maritime et sociale de leur ville.

Cartographie des cafés de Douarnenez © Gildas Hémon, Port-musée de Douarnenez

 

En collaboration étroite avec le Port-musée de Douarnenez, le projet s’est voulu dès le départ original et innovant : mobiliser la population autour d’une équipe de bénévoles et faire la part belle à la muséologie dite « inclusive », à savoir impliquer des personnes qui n’avaient pas forcément la compétence, la formation, mais qui avaient une vraie légitimité sociale. Car ce sont bien les habitants eux-mêmes qui ont mené l’enquête, qui sont allés à la rencontre des « anciens » élèves, marins, professeurs, patronnes de cafés, ou encore qui se sont plongés dans les archives de l’école de pêche (1904-2003) déposées au musée et les ont dépouillées et indexées. Des archives d’une telle richesse, qu’elles feront l’objet d’un ouvrage abondamment illustré « A Douarnenez, faut savoir naviguer » qui paraîtra à l’automne.

Face à la disparition rapide de ces patrimoines matériels et immatériels, il y avait urgence à sauvegarder cette mémoire comme autant de portes d’entrée et de compréhension du monde maritime: formation professionnelle, évolution du métier, des pratiques culturelles des marins, mutation structurelle des ports…

C’est précisément pour cette approche expérimentale et collaborative, animée d’une même envie de transmettre un héritage culturel, que la Région a retenu ce projet en 2015 et l’a accompagné, dans le cadre de son appel à projets « Héritages littoraux».

* Découvrez quelques uns des abris du marin inventoriés en Finistère: Camaret-sur-Mer, Molène, Roscoff, Sein 1 et Sein 2